Blog Flatchr | Logiciel de recrutement, conseils RH, ATS

Obligations légales liées au recrutement : guide pour managers et RH

Rédigé par Cynthia | 30 septembre 2025

Chaque étape du processus de recrutement est encadrée par le droit du travail, du moment où l’on rédige une offre d’emploi jusqu’à l’entretien et à la conservation des données. Ignorer ces règles expose l’entreprise à des sanctions juridiques, mais aussi à un risque d’image employeur dégradée.

Pourtant, de nombreux managers opérationnels, qui ne sont pas des experts RH, se retrouvent à piloter des recrutements sans toujours connaître les obligations légales. Ce guide a pour objectif de leur donner des repères simples et concrets afin de sécuriser leurs pratiques et de garantir l’égalité des chances entre candidats.

 

Les grands principes légaux du recrutement

Respecter la loi ne signifie pas seulement éviter les sanctions : c’est aussi garantir l’équité entre tous les candidats et renforcer la crédibilité de l’entreprise.

Le Code du travail fixe ainsi plusieurs principes fondamentaux qui encadrent le recrutement, qu’il s’agisse de lutter contre les discriminations, d’assurer la confidentialité des informations recueillies ou de protéger les données personnelles. Comprendre ces règles est essentiel pour tout manager amené à recruter, même ponctuellement.

Égalité de traitement et non-discrimination

L’article L.1132-1 du Code du travail interdit toute discrimination fondée sur l’origine, le sexe, l’âge, l’apparence physique, la religion, la situation familiale, les opinions politiques, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, ou encore le lieu de résidence. Ces critères ne peuvent en aucun cas justifier une décision de recrutement.

Concrètement, cela signifie qu’un candidat ne peut pas être écarté en raison de son nom, de sa nationalité, de sa grossesse ou de son appartenance syndicale. Un refus à l'embauche discriminatoire peut donner lieu à une saisine du conseil de prud’hommes et à des dommages et intérêts.

Confidentialité et protection des données (RGPD)

Les informations collectées doivent avoir un lien direct avec l’emploi proposé. L’entreprise doit informer les candidats des méthodes utilisées (tests, mises en situation, questionnaires) et garantir la confidentialité des résultats. Conformément au RGPD, les CV et données personnelles ne peuvent être conservés que pour une durée limitée et uniquement avec l’accord du candidat.

Tests et mises en situation : un cadre encadré par la loi

Les tests de recrutement (psychotechniques, de personnalité, mises en situation, etc.) peuvent aider à évaluer les aptitudes des candidats, mais leur usage est strictement encadré :

  • Lien direct avec l’emploi : tout test doit mesurer une compétence réellement utile pour le poste ;
  • Information du candidat : objectif, usage et durée de conservation des résultats doivent être clairement communiqués ;
  • Confidentialité : les résultats restent internes et ne peuvent être réutilisés sans accord ;
  • Pratiques interdites : tests intrusifs, questions personnelles ou décisions purement automatisées.

Bien utilisés, ces outils renforcent l’objectivité du recrutement, à condition de respecter transparence et proportionnalité.

Sanctions en cas de non-respect des obligations

Ignorer les règles du recrutement n’expose pas seulement à des risques juridiques. Les conséquences peuvent être lourdes :

  • Sanctions financières : une offre discriminatoire ou une question illégale en entretien peut entraîner des amendes, des dommages-intérêts et une condamnation prud’homale ;
  • Risques administratifs : oubli de la DPAE, mentions manquantes dans le contrat, non-respect du RGPD… chaque manquement peut donner lieu à un contrôle et à des pénalités ;
  • Impact réputationnel : au-delà du juridique, les pratiques illégales ou maladroites nuisent à la marque employeur et peuvent décourager de futurs candidats.

Se conformer aux obligations, c’est protéger l’entreprise sur tous les plans : légal, financier et réputationnel.

 

Rédiger une offre d’emploi conforme

La rédaction de l’annonce constitue la première étape du processus de recrutement. C’est souvent le premier contact entre un candidat et l’entreprise, et sa formulation reflète à la fois le sérieux juridique et la culture interne de l’organisation. Une offre mal rédigée peut non seulement décourager des profils qualifiés, mais aussi exposer l’employeur à des sanctions. Il est donc essentiel de connaître les règles légales applicables et d’adopter, au-delà du strict cadre juridique, une approche inclusive et moderne.

Mentions interdites

La loi encadre strictement le contenu d’une offre. Elle ne peut comporter aucune référence à l’âge, à la situation familiale ou à la nationalité, sauf exception prévue par la loi. De même, l’emploi doit être décrit en français, même si certains termes techniques étrangers peuvent être tolérés lorsqu’il n’existe pas d’équivalent.

Un arrêt de la Cour de cassation (20 janvier 2009) a rappelé qu’exiger une carte d’électeur dans une offre d’emploi constituait une discrimination, car la condition reposait indirectement sur la nationalité.

Aller au-delà de la loi : rédiger des offres inclusives

Si la loi fixe des interdits, les entreprises peuvent aussi renforcer leur attractivité grâce à une rédaction inclusive. Les mots utilisés donnent un signal fort sur la culture et les valeurs de l’organisation.

Certaines expressions écartent inconsciemment des profils compétents : « jeune et dynamique », « diplômé d’une grande école », ou encore l’utilisation d’intitulés genrés comme « une assistante » ou « un chauffeur-livreur ». Pour rendre une offre plus inclusive :

  • privilégiez des intitulés neutres avec la mention « H/F » (ex. : « commercial H/F ») ;
  • utilisez le « vous » pour éviter les formulations biaisées ;
  • ajoutez si possible une mention sur l’ouverture à tous les profils.

Une offre inclusive contribue à élargir le vivier de talents et renforce l’image d’un employeur responsable.

 

L’entretien d’embauche : ce qui est autorisé et ce qui est interdit

L’entretien est une étape clé du processus de recrutement. C’est le moment où le manager et le candidat échangent directement, ce qui permet d’évaluer les compétences, la motivation et l’adéquation au poste. Mais c’est aussi une phase sensible sur le plan juridique : poser certaines questions, même de manière informelle, peut constituer une discrimination.

Les questions autorisées : évaluer les aptitudes professionnelles

Un recruteur a le droit de poser des questions qui permettent d’apprécier les capacités du candidat à occuper le poste. Ces questions doivent avoir un lien direct et nécessaire avec l’emploi. Par exemple :

  • Demander si le candidat possède le permis de conduire pour un poste impliquant des déplacements réguliers ;
  • Interroger sur la maîtrise d’un logiciel ou d’une langue étrangère si cela est indispensable aux missions ;
  • Évoquer la disponibilité pour des horaires spécifiques (travail de nuit, astreintes), lorsque le poste le requiert.

Ces informations permettent de vérifier que le candidat dispose des aptitudes nécessaires pour réussir dans le poste proposé.

Les questions interdites : respecter la vie privée

Certaines questions sont strictement prohibées, car elles concernent la vie privée du candidat et n’ont aucun lien avec son aptitude professionnelle. Il est ainsi interdit d’interroger sur :

  • La situation familiale ou le projet personnel (« Avez-vous des enfants ? », « Comptez-vous vous marier bientôt ? ») ;
  • L’état de santé (« Êtes-vous souvent malade ? », « Êtes-vous enceinte ? ») ;
  • Les convictions religieuses ou politiques ;
  • L’appartenance syndicale ;
  • L’orientation sexuelle ou l’identité de genre.

Même posées de manière « informelle », ces questions peuvent être utilisées par un candidat comme preuve de discrimination en cas de litige.

Entre le légal et le perçu : attention aux maladresses

Un manager peut parfois, sans intention malveillante, poser une question qui semble anodine mais qui place le candidat dans une situation délicate. Par exemple : « Vous habitez loin, pensez-vous que cela pose un problème ? ». Si la distance n’a pas d’incidence réelle sur le poste, la question est inutile et peut être perçue comme discriminatoire.

De même, demander au candidat : « Êtes-vous disponible pour travailler certains week-ends ? » est légitime si le poste comporte effectivement des missions le samedi ou le dimanche. Mais poser la question sans justification claire peut laisser penser que vous cherchez à tester sa situation familiale ou sa capacité à concilier vie privée et vie professionnelle, ce qui peut être mal perçu.

Pour éviter ce type de maladresse, il est conseillé de s’en tenir à une grille d’entretien préparée en amont et validée avec les RH, centrée exclusivement sur les compétences et expériences professionnelles.

 

Les bonnes pratiques pour sécuriser son processus de recrutement

Au-delà des interdictions, certaines méthodes simples permettent de mener un recrutement conforme et objectif :

  • Préparer une grille d’entretien basée sur les compétences recherchées, et poser les mêmes questions à tous les candidats pour garantir l’équité ;
  • Fonder la décision de recrutement sur des critères professionnels mesurables, comme les aptitudes techniques ou les expériences passées, et non sur des impressions personnelles ;
  • Documenter le processus en conservant des notes factuelles. Cela permet de justifier les choix en cas de contestation et de montrer la transparence de la démarche ;
  • Réaliser un brief manager en amont afin d’aligner RH et opérationnels sur le profil recherché, les critères d’évaluation et la conduite des entretiens.

Ces pratiques renforcent à la fois la sécurité juridique et l’expérience candidat. Impliquer les managers dans ce processus est essentiel : en les sensibilisant aux règles et aux bonnes pratiques, l’entreprise s’assure d’un recrutement à la fois conforme et cohérent.

Les obligations post-recrutement

Le respect du droit ne s’arrête pas à la sélection du candidat : une fois l’embauche décidée, l’entreprise doit accomplir plusieurs formalités légales. Ces obligations visent à protéger le salarié, sécuriser la relation de travail et garantir la conformité de l’employeur.

La déclaration préalable à l’embauche (DPAE)

Tout recrutement doit être déclaré à l’URSSAF (ou à la MSA pour le secteur agricole) avant la prise de poste. Cette démarche permet notamment l’immatriculation du salarié à la Sécurité sociale et son affiliation aux organismes de protection sociale. L’omission de cette formalité peut être lourdement sanctionnée, jusqu’à une présomption de travail dissimulé.

Le contrat de travail et ses mentions obligatoires

Le salarié doit recevoir un contrat écrit, précisant au minimum : la nature du contrat (CDI, CDD, alternance), la durée du travail, la rémunération, la période d’essai éventuelle et la convention collective applicable. Ces mentions encadrent la relation de travail et protègent à la fois l’entreprise et le collaborateur.

La visite médicale

Selon le poste occupé, une visite médicale ou un examen d’information et de prévention doit être organisé par la médecine du travail. Elle doit avoir lieu dans un délai de trois mois suivant l’embauche, et plus rapidement pour les postes à risques. Son objectif : vérifier l’aptitude du salarié et prévenir les risques pour sa santé.

L’information du salarié

L’employeur doit remettre au salarié plusieurs documents clés : la convention collective, le règlement intérieur (si l’entreprise en dispose), la notice d’affiliation à la mutuelle obligatoire, ainsi que toute information sur les dispositifs collectifs (épargne salariale, retraite, etc.). Cette transparence contribue à instaurer une relation de confiance dès l’intégration.

Les affiliations obligatoires

En parallèle, l’entreprise doit veiller à l’inscription effective du salarié auprès de la mutuelle, des caisses de retraite et des organismes sociaux. Même si ces démarches sont souvent automatisées via la paie, leur bonne réalisation reste sous la responsabilité de l’employeur.

 

Recrutement et obligations légales : les évolutions à anticiper

Le cadre légal du recrutement évolue rapidement et les entreprises doivent rester vigilantes. Plusieurs tendances marqueront les prochaines années :

  • Transparence salariale : la directive européenne sur l’égalité de rémunération impose progressivement plus de clarté sur les salaires dans les offres et au sein des entreprises (obligation de mentionner le salaire dans les offres d’emploi dès 2026) ;
  • Encadrement de l’IA : avec la montée des outils d’intelligence artificielle, les obligations liées à la transparence des algorithmes et au respect du RGPD vont se renforcer ;
  • Responsabilité accrue des managers : de plus en plus impliqués dans le recrutement, ils devront être sensibilisés aux règles juridiques pour éviter tout risque de discrimination.

En résumé, se conformer aux obligations légales n’est pas figé : c’est un processus évolutif. Anticiper ces évolutions, c’est protéger l’entreprise et renforcer son attractivité auprès des candidats.

 

Respecter la loi dans le recrutement protège l’entreprise, garantit l’égalité de traitement et améliore l’image employeur. Une offre d’emploi claire et inclusive, un entretien centré sur les compétences et un processus transparent contribuent à bâtir un recrutement responsable et attractif. Les managers comme les RH ont donc tout intérêt à s’approprier ces règles pour donner à l’entreprise toutes les chances d’attirer les meilleurs profils.